Mycelium

« Plume ne peut pas dire qu’on ait excessivement d’égards pour lui en voyage. Les uns lui passent dessus sans crier gare, les autres s’essuient tranquillement les mains à son veston. Il a fini par s’habituer. Il aime mieux voyager avec modestie. Tant que ce sera possible il le fera. Si on lui sert, hargneux, une racine dans son assiette, une grosse racine : « Allons, mangez. Qu’est-ce que vous attendez ? » « Oh, bien, tout de suite, voilà. » Il ne veut pas s’attirer des histoires inutilement. (…) Mais il ne dit rien, il ne se plaint pas. Il songe aux malheureux qui ne peuvent pas voyager du tout, tandis que lui, il voyage, il voyage continuellement. »

Henri MICHAUX Plume voyage

Exposition à Carquefou Manoir des Renaudières

Du 17 novembre au 16 décembre 2012 inclus

Vernissage : Samedi 17 novembre à 16 heures

Ouvert les mercredis, samedis et dimanches de 14 h à 18 h ou sur RDV

Renseignements : 02 28 22 24 04 ou culture@mairie-carquefou.fr

Entrée libre

Il y a eu l’opéra sadien et des chants funèbres pendant l’hiver de la peinture des années 90. Il y a eu des apparitions dans le désert des années 2000.

Aujourd’hui, chez Bernard Briantais, il y a des dessins qui voudraient masquer la mort au travail, cacher l’indécence de la déchéance. Des visages qui n’en sont plus, des voiles de pudeur qui ne sont que la cendre de la disparition, des hurlements étouffés qui ne sont que le désespoir des oubliés.

Bernard Briantais, lui on ne l’oublie pas, il continue son œuvre loin de la cohue et du bazar de l’art officiel. Il est un de ces rares artistes qui ne se soumettent pas à cette culture, elle-même soumise au politique qui l’abandonne à la finance.

Il est ailleurs dans ce monde calciné, foudroyé, stupéfiant, qui le hante et qui le pousse à chercher indéfiniment la trace, le nerf, la chair de l’être, de l’autre, de celui qui chemine avec lui au bord du gouffre (la beauté des abîmes et la lenteur enivrante de la chute). La mort tout au bout ne semble plus qu’un élément du décor, l’intrus qui se cache dans la forêt somptueuse, dans le château inépuisable de l’enfance. Minutieusement, jour après jour, il traque ce gibier de potence qui l’obsède, qui l’habite, à la fois lui et l’autre.

Qu’est-il donc ! Allez vous-même le découvrir dans les méandres de ses traits.

Jean Fradin Mai 2012