Requiescat in pace
Tombeaux des traîne-misère : gisants sur la froide ardoise, ils reposent deux par deux, compagnons et compagnes d’infortune, placés au-dessus d’un cénotaphe, restitution de leur vie de cartons.
Leur reliquaire est constitué de fragments de leur vie fracassée, illuminée malgré tout par le scintillement fugace du bonheur : vieille photo jaunie, carte d’identité dérisoire, portraits au fond de vieilles boites d’allumettes. Subsistent de leur passage d’autres traces : signes confraternels de hobos, dépôts à même la dalle de fleurs artificielles glanées dans les poubelles des cimetières.
La mort aux trousses, mendiants des villes et chemineaux des campagnes, d’ailleurs et de nulle part, ils ne sont plus, ont-ils jamais été ?